Femmes savantes 1/7 Marie Meurdrac

Elles se prénomment Marie, Laura, Gaetana, Emilie, Mary, Claudine, Marie-Anne… Parfois connues, avec beaucoup de chance, par le nom de leur mari ou leur amant, comme Lavoisier et Voltaire. Ou pire, identifiées bien tardivement après avoir été spoliées de leurs travaux, telle Rosalind Franklin. Celle qui aurait du recevoir le Nobel pour la structure de l’ADN en 1962 alors qu’un certain Maurice le reçut à sa place, n’ayant eu aucun scrupule à le faire puisque la chercheuse était décédée. Honte sur lui. Revenons à nos femmes, et aux quelques philogynes, et oui !, qui les entourèrent parfois…

Episode 1, Marie Meurdrac, la première chimiste féministe

Cocorico, elle est française, cette première « chymiste » enfin reconnue comme telle aujourd’hui grâce à sa Chymie charitable et facile pour les femmes. Ce n’était qu’un guide pratique pour fabriquer ses cosmétiques à la maison. Mais nous sommes en 1666, sous Louis XIV. A l’époque, pas de grands magasins où acheter ses produits de beauté. Chacun de concocter ses mixtures à sa toilette, la table recouverte d’un petit drap (petite toile = toilette) ou se trouvent les crèmes et onguents.

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Les Secrets du Luxe

Nous ne sommes pas en 2020… Mais en 1661 ! La France est en crise : le chômage galopant, un dérèglement climatique et une pandémie encore incontrôlée mettent en péril l’existence du peuple et laissent vides les caisses de l’État. Afin de redresser la barre, la stratégie inédite choisie par le roi Soleil et son ministre Colbert consiste à transformer le pays en berceau du luxe. Jusqu’alors surtout l’apanage des nations étrangères…

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Domino, icône des années 70

Un éventail. Juste un éventail ? Ahh non. Un symbole. Une trace des femmes et des hommes de son temps.

Il était au coffre. Anne Hoguet, éventailliste depuis des générations expose ses trésors dans son musée, mais en préserve quelques uns, encore plus précieux, à la banque.

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Lequeu, la claque.

Nous nous étions rendues au Petit Palais pour voir Fernand Khnopff, père du symbolisme. Mais voilà que l’exposition était terminée depuis deux jours. Et pire que tout, le café du merveilleux jardin tout embaumé de fleurs printanières, fermé itou. La loose. Ce n’est donc pas du tout enthousiastes que nous nous rabattons sur la seule expo ouverte, celle d’un architecte dénommé Lequeu. En pitch « bâtisseur de fantasmes ».  En vrai ? Un pur génie. La bonne surprise du jour qui m’a laissée bouche bée.

Jean-Jacques Lequeu

Jean-Jacques Lequeu « Et nous aussi nous serons mères » vers 1780.

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La mode démasquée par Margiela

La mode ? Une grande inconnue, C’est ce que je ressens après avoir visité le Musée d’Yves Saint Laurent et poursuivi dans la foulée avec l’expo Margiela qui était à deux pas.  D’un côté gampe de soie, broderies et pierreries sous l’oeil cerclé du créateur dûment photographié en grand format,  de l’autre, les astuces d’un volontairement anonyme qui trouve le moyen d’avoir du style avec pour seule matière première les rebus des poubelles ou d’un Emmaüs. Que les deux soient starifiés au musée me donne le tournis. Je ne savais plus à quel saint patron (de haute couture) me vouer. Avec ma copine Yamina, nous décidons de prendre le temps d’une pause réflexion sur un banc ensoleillé du jardin Galliera, nourrissant nos neurones d’une orgie de kouign amann. Ca requinque. 

Tous mes repères modeux envolés, je décide de procéder par ordre. je ne pouvais me perdre dans les robes et autres manteaux, qu’ils soient d’opéra pour l’un ou de couette de rue chez l’autre. La fracture était trop violente.Je me concentre sur les accessoires. Ceux sans lesquels une silhouette ne sera jamais finie. Ceux qui rapportent le plus à l’industrie de la mode.
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Monsieur Osiris, reviens !

Une femme, de l’amour et du vin… C’est nimbée de vapeurs éthiques (je n’ai pas fait d’erreur en écrivant, je pèse mes maux),  que je vais vous raconter comment Osiris est devenu le plus grand mécène que la France ait jamais connu. Je ne parle pas de fondation logotypée d’une marque de luxe. Non. Sans lui, moins d’Institut Pasteur, pas d’Institut Curie ni d’école vinicole, plus de Malmaison…. Il était une fois un banquier qui se voulait aussi immortel que sa passion pour son épouse disparue. Faute d’y parvenir en tant qu’homme, il choisit de laisser une empreinte philanthropique indélébile, gravant son nom  dans la pierre de ses bonnes actions. Malheureusement, ceux qui profitèrent, et continuent aujourd’hui à bénéficier de ses largesses, manquent cruellement de reconnaissance, ou du moins n’y mettent pas toujours le coeur qu’ils devraient. Par Osiris, je vais y remédier !

Portrait de Osiris

Nadar (workshop) (1871-1939) Portrait d’Osiris 1889 Photo (C) Ministère de la Culture – Médiathèque du Patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Atelier de Nadar

De la première soupe populaire au sauvetage d’un cru de Bordeaux prêt à tomber en mains étrangères, en passant par la préservation de la mémoire de Joséphine et Lire la suite

Les Paul, le guitar hero

Ce n’est pas l’anniversaire de sa naissance, ni celui de sa disparition. Juste une envie irrépressible de mettre en lumière un américain extraordinaire et son histoire, digne d’un conte de fée. En tous cas bourrée d’optimisme, de joie de vivre, d’esprit innovant. « Don’t try, just do it  » disait il à qui voulait l’entendre. Une leçon de vie. Rencontré il y a 12 ans au Club l’Iridium à New York, voici Les Paul, l’inventeur de la guitare électrique, tel qu’il s’était raconté…

Les Paul.

Les Paul. photo courtesy of the Les Paul Foundation

Assis sur un tabouret de bar, les pieds posés au-dessus des enceintes de retour, il tient sur ses genoux sa solid body Gibson, la guitare électrique à corps plein qu’il inventa en 1941. Ses mains déformées par l’arthrite agrippent comme des serres monstrueuses le manche et la table d’harmonie. Phalange après phalange, il mettra trois heures à parvenir à faire couler les accords. Les Paul, quatre-vingt douze ans, s’entraîne avant de mettre le feu à la salle de l’Iridium, le club de jazz de Broadway où il se produit tous les lundis soirs. Lire la suite

Religions et design, créer pour l’Esprit

Les exemples de collaborations entre designers ou architectes contemporains et institutions religieuses sont toujours marquants. Bien des réalisations récentes, église, monastère, mosquée ou temple,  confirment l’intérêt pour ces associations inusitées qui déplacent le champ traditionnel de la création utilitaire vers des visées spirituelles. Créer pour l’esprit plus que pour les corps, c’est beau, ma foi…

Han Wen-Qiang et les architectes chinois d’Archstudio

Temple Bouddhiste sur les rives du fleuve Tanghe dans la ville de Tangshan, Chine. Han Wen-Qiang et les architectes chinois d’Archstudio.

Han Wen-Qiang et les architectes chinois d’Archstudio

Temple bouddhiste Han Wen-Qiang et les architectes chinois d’Archstudio

Alors que les designers et architectes sont devenus des bêtes médiatiques,  peu d’entre eux communiquent sur l’aménagement d’un lieu de culte. Humilité face à la Foi, frontière entre le marketing et le spirituel ? Le fait est que depuis quelques années, beaucoup de stars du milieu ont planché sur des lieux et objets religieux sans en faire étalage. Plus étonnant encore… Lire la suite

A la poursuite des diamants de Louis XIV

Ils ont tous disparus. N’en restaient qu’une planche de gravures d’époque et la légende qui les auréolait. Pourtant, ces vingt diamants de Louis XIV se retrouvent devant moi, tout en facettes taillées scintillantes.  C’est la fabuleuse aventure de leur reconstitution historique que je vais évoquer ici.  Fabuleuse car il aura fallu l’intuition puis la pugnacité d’un professeur en minéralogie du Museum d’Histoire Naturelle, les avancées en imagerie 3D, le talent étonnant d’un physicien canadien et lapidaire autodidacte (!) et le soutien financier d’un grand joaillier pour qu’advienne ce qui relève du miracle. Une épopée durant laquelle, comme si cela ne suffisait pas,  le plus mythique d’entre tous les joyaux de la Couronne fut bel et bien retrouvé…

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Pendeloque. Détail diamant taille Moghole. Planche 1670

Janvier 2018. Devant moi, les vingt gemmes de Tavernier parfaitement restitués. Ma première surprise concerne la finition de ces diamants. J’avais toujours cru naïvement que les pierreries rapportées de l’empire Moghol au XVIIe siècle étaient brutes. Je m’aperçois qu’au contraire elles étaient taillées, facettées, prêtes à être enchâssées dans des montures.  Cette information apparemment anodine m’ouvre des perspectives étonnantes sur le métier des joailliers.  Les tailles des gemmes ne seraient-elles donc pas de leur responsabilité ? Et non, pas toujours. A chacun son métier et son expertise me répondra-t-on à l’école des arts joaillers Van Cleef & Arpels où se trouvent exposés les 20 trésors.  Lire la suite

Redlining, riche ou pauvre tu seras

Vous avez dit ségrégation raciale ? Imaginez que l’on coupe Paris en 2. Disons rive droite et rive gauche, et que la frontière soit la Seine. Supposez que l’état offre une bourse et que les banques octroient des prêts immobiliers à taux zéro pour ceux qui demeurent rive gauche. Mais n’accordent aucun prêt à ceux qui vivent sur la rive droite. Les premiers vont acheter leur logement, les revendre pour acheter plus grand , accroitre leur richesse. Les seconds restent au mieux… locataires. Enfin, retenez vos cris, et envisagez que seuls les blancs puissent prétendre à la bonne affaire d’investir rive gauche…. Et bien voilà, vous venez de comprendre l’histoire du redlining américain. Car c’est exactement ce que l’Etat, les banques et les promoteurs des USA ont fait durant trente ans. 

Banlieue. USA. Photo Alex Mac Lean

Banlieue. USA. Photo Alex Mac Lean

Je l’ai appris en regardant la Web TV d’un humoriste américain qui « ruine » une idée reçue à chacune de ses émissions. A la question « Pourquoi les noirs et les latinos restent pauvres, et que les riches sont blancs ? », l’animateur de « Adam ruins everything » répond avec  l’histoire (très dérangeante) des banlieues américaines . Lire la suite

Mirage en Islande

Parce que c’est juste beau. La vidéo encore plus,  Keith Ladzinski en Islande

@ladzinski’s journey through Iceland, Shot on DJI MavicPro
Keith ladzinski, photographe pour National Geographic. En paddle dans un labyrinthe de glaciers. Islande

Keith ladzinski, photographe pour National Geographic. En paddle en Islande

Keith ladzinski, photographe pour National Geographic. En paddle en Islande

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Nippone, ni soumise, quoi que…

Tout d’abord, je n’y croyais pas. Mais si. Devant moi, la touriste japonaise marchait à petits pas sur le carrelage. Elle s’était avancé avec respect vers Victor. Victor, c’est le nom que Sophie Calle a donné à l’ours blanc, géant, et empaillé, qui trône au premier étage du Musée de la chasse*.  Notre nippone s’approchait donc, et dans une envolée de son long manteau noir, elle… s’agenouille devant lui ! J’en suis restée bouche bée. Coup d’oeil à mon neveu Julien qui affiche la même tête éberluée. Evidemment, nous voilà pris d’ un fou rire communicatif. Elle a calé sa tête entre les griffes assagies de l’ours, dont la physionomie prend tout à coup un sens, disons, mitigé, entre surprise,  et plaisir inespéré ? Elle restera longtemps, suffisamment pour je  sorte mon téléphone et capture cet instant magique. Julien chuchote des sous-titres « Nippone ni soumise ? L’Ours mal léché ?…. », véritables moteurs à relancer les gloussements. La gardienne est au bord de l’apoplexie, elle pleure de rire en silence, joues cramoisies. Elle me dit dans un hoquet : « dans ce musée, on peut tout toucher » et s’étouffe de plus belle, le visage englouti dans son col roulé pour dissimuler son hilarité. Quelle belle journée qui commence en ce 25 décembre…

L'ours blanc. Musée de la Chasse et de la Nature

L’ours blanc. Musée de la Chasse et de la Nature

  • Exposition Sophie Calle au Musée de la Chasse et de la Nature « Beau doublé monsieur le marquis »

 

 

Drag Queens et féminité assumée

Je ne m’étais jamais demandé pourquoi j’aimais les drag queens. Les voir dans le show américain Ru Paul Drag Race me faisait du bien. Point. Point ? Hummm, juste une vague sensation de prendre un shoot de féminité extravagante, dans un monde où finalement, il apparait de plus en plus mal venu, voire dangereux, d’en user. Le récent épisode dans la vie de Violet Chachki, winneuse de la saison 2015, est venu en partie éclairer ma lanterne.  En novembre, Violet est devenue la première drag queen égérie d’une marque de lingerie pour femmes-femmes, (je précise, vu que Violet est biologiquement mâle, pour ceux qui n’auraient pas capté). Mais ca veut dire quoi, exactement.

Violet Chachki, collection Betty Page pour Playful promises

Violet Chachki, collection Betty Page pour Playful promises. Micro bonnets pour la campagne de pub avec Violet, mais rassurez vous, ils ont des tailles parfaitement normales sur les modèles en vente pour les femmes à seins.

Un coup marketing ? Bien sûr. Quelle marque ne rêve de se démarquer de ses concurrents tout en optimisant son image et en générant un trafic de fou sur son site de vente en ligne… Lire la suite

Hallé, le botaniste du radeau des cimes

Digne du botaniste du XVIIIe, *Carl von Linné, Francis Hallé est un aventurier au sens scientifique du terme, mais aussi un universitaire contemporain. Né en 1938, le biologiste montpelliérain  a sans doute vu plus d’espace inconnu que les astronautes actuels, sans même quitter notre planète bleue. Monsieur Hallé a inventé le radeau des cimes, une structure gonflable à poser sur la canopée des forêts tropicales pour y découvrir un monde de plantes jamais encore découvertes par l’humain . A 79 ans, il se rebelle, encore, et encore: « La forêt primaire n’a plus d’avenir, ça fait cinquante ans qu’on le dit. Tous ceux qui pourraient faire quelque chose, à savoir les leaders politiques et économiques, tirent parti de la destruction de cette forêt. » Une phrase qui pèse son poids alors que le président Français a inauguré le « Climate Summit » en décembre 2017 à Paris, pour alerter sur l’urgence absolue d’agir afin de sauver notre planète. Tout en étudiant la possibilité d’ouvrir  la « Montagne d’or », méga exploitation aurifère dans la forêt guyannaise… 

carnets de terrain de Francis Hallé

Carnets de terrain de Francis Hallé, écrits depuis 1962. Il y décrit, décrypte, nomme et classe les plantes découvertes . Dans les pas de *Carl von Linné, naturaliste suédois qui réalisa la première classification  des règnes minéral, animal et végétal, entre 1735 et 1763.

« Nous sommes comme un médecin devant un malade. On essaye de faire aussi rapidement que possible, mais il est évident que beaucoup d’espèces disparaîtront avant d’avoir été nommées, encore moins étudiées. » Il ne croit si bien dire puisque les experts s’accordent sur les propriétés potentielles de ces « nouvelles plantes » pour soigner les maux de notre époque.

carnets de terrain de Francis Hallé

carnets de terrain de Francis Hallé

Pourquoi le dessin plus que la photo ?  Lire la suite

Anti-cosmetic design

Faire du neuf avec du vieux, c’est banal, non ? En langage marketing, on appelle cela du cosmetic design. Comme habiller les sacs Vuitton de dessins de Murakami ou de reproductions de la Joconde. Là, je vous parle d’anti-cosmetic. Innover sur le fond, pas la forme, en se basant sur des concepts inventés voilà belle lurette, par des indiens pré-colombiens, ou des geishas du siècle d’or des kimonos. Les bonnes idées n’ont pas d’âge, mais les décliner avec des matériaux et techniques les plus innovants… C’est aujourd’hui !

Futon de voyage. Première escale dans l’empire du soleil levant, je ne me lasse décidément pas des nippons, qui savent si bien intégrer le passé au moderne, produits et illustrations superbes. Voici le travail du collectif ONFadd

couchage ONFadd

portable slipping pack ONFadd

Kit de sommeil pour nomades, avec coussin de tête isolant sonore, batteries solaires sur le pourtour (en option) et Zhou, comme dirait geisha-san, une sieste ILIKO

couchage ONFadd

Portable sleeping bag ONFadd

New claquettes qui ne font ni clac, ni flip, ni flop. Visite spacio-temporelle  en Amazonie pré colombienne, là où les autochtones trempaient leurs pieds dans le cahuchu, la sève sirupeuse des hévéas que nous connaissons comme le caoutchouc. Lire la suite

Du divin sur la plage

Un peu de calme…. Elle est si pure, cette chapelle au bord de l’eau … Conçue en 2015 par Vector Architects, en Chine, à Beidaihe New District. Comprenez l’une de ces mégapoles qui sortent de terre comme des champignons. Mais ici, c’est la Sainte Trinité air-mer-vent qui domine.

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seashore chapel Vector Architects Chine

Mystique, recueillement, paix, voilà ce qui vient à l’esprit en la voyant Lire la suite

Les racines du mal

Le clip video est choquant, formidable, Silence on braque un hôpital. Réalisé pour l’ONG OXFAM Brutal, même pour les fraudeurs, individus ou multinationales, qui ne se rendent plus compte de la gravité de leurs actes tant ils semblent banalisés.

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Le débat est quant à lui, clarifiant. Dépêchez vous de le voir, 30 jours en replay, à la fin du documentaire Paradise Papers de Cash investigation. Je suis restée scotchée à 1h50mn et 50 secondes exactement. *Chantal Cutajar parle… »Le système de société off shore n’est pas une anomalie du système capitaliste, mais le coeur de son fonctionnement ». C’est fou, je ne l’avais même pas réalisé, le voyant plus comme une dérive.

Sa solution ? Les politiques ne bougeront pas sans le peuple qui les y oblige. En clair, elle aurait pu aussi bien dire « malgré mon poste, malgré les analyses, malgré les dossiers transmis  aux autorités, rien ne bouge. Lire la suite

Malade de Louise Bourgeois

Visite à la Monnaie de Paris. La plus ancienne entreprise du monde (!) avec ses 1150 ans, a fait peau neuve. Je la connaissais alors que la partie arrière inaccessible au public était remplie d’ateliers et d’ouvriers. Désuète, encore dans son jus, les pierres noircies faisaient un contraste étonnant avec le quartier si chic du 6e. Ca m’avait faire rire en imaginant la tête des voisins si on leur avait dit que des bains d’acides nécessaires à la fabrication des pièces de monnaies jouxtaient leurs apparts à 20 000€ le m2… C’est donc dans la dernière usine parisienne en activité que je viens découvrir l’exposition Women House avec 39 artistes femmes exposées. Un choc m’y attendait.

Women House

Women House. Monnaie de Paris

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Le secret de Fortuny

J’étais bougrement agacée, je l’avoue, au sortir de l’exposition Fortuny du Palais Galliera. Comment se faisait-il que rien n’y était expliqué quant à la fabrication du fameux plissé Fortuny, dont Miyake s’inspirera avec le succès qu’on lui connait. Et bien c’est simple… Ce n’est pas Mariano Fortuny qui l’a inventé.

Fortuny 1919

Miss Muriel Gore in a Fortuny dress, by Sir Oswald Hornby Joseph Birley, 1919

Et ça, cette « petite » info pour le moins étonnante, que quick, nada, niente dans l’expo. Pourtant tout était propice à cette information Lire la suite

Mon Goyard en Riva

« Tu m’emmènes en bateau ! » Non, mais, tu as été élevé où, toi ? « Voudrais-tu bien m’emmener en bateau, s’il te plait.. », ce serait mieux. Ok. tu boudes maintenant. Encore une fois je te passe tes caprices mon Goyard. Allez, l’idée est séduisante. On ne va pas aller « en bateau », mais découvrir le berceau des Riva. Ca te tente ? Je vois, je vois, tes anses en tombent. Zippp, on ferme la valise, en route vers Sarnico, en Italie, chez Carlo Riva.

Aquariva. Le Monde Laurence Picot

Le petit Riva, devant la plus grande île lacustre au monde, nichée au coeur du lac d’Iseo.

C’est à l’aube qu’on embarque. Un voile de brume épaisse couvre le lac. L’eau ne frise pas. Miroir liquide, pour supporter les crêtes du sillage produit par la vedette de la Dolce Vita. Lire la suite

Very last day in Kyoto

The Glass tea house created by Yoshioka l’alchimiste has desappeared last 10th of september, 2017. So lucky the ones who experiment it, in its original surrounding.  For the others, it is time to watch the short Tokujin Yoshioka’s movie  le film de Kou-An23CREDIT

or to discover more with Transparent comme la Tea House de Tokujin

Les festins d’Hissa

Il y a quelques mois, je reçois un message proposant de participer à une opération de crowdfunding pour l’un des plus grands chefs japonais, Hisayuki Takeuchi. L’objectif est d’aider à installer son nouveau laboratoire de cuisine au coeur de Paris. En échange, bento ou repas d’exceptions. Il y a quelques années, j’avais ‘longuement rencontré l’auteur de ces délices resté trop longtemps dans l’ombre. Retour sur le parcours d’un artiste hors norme  qui cuisine pour soigner l’âme et le corps de ses hôtes.

« Si vous ne faites pas de fautes à la dictée, je vous invite à dîner ». Comme chaque semaine, le chef japonais de cuisine française Mizugushi s’adressait ainsi à ses apprentis, n’enseignant son art qu’à ceux qui apprendraient la langue et la culture de France. Parmi eux, Hisayuki Takeuchi. C’était il y a trente-cinq ans, au restaurant étoilé Le Piaget de Tokyo, étape marquante pour ce jeune fils de paysan destiné à devenir le chef le plus étonnant de la nouvelle cuisine japonaise.

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Casquette noire, polo à manches longues sous un T-shirt de cycliste, jean sombre et baskets fluo, Hisayuki Takeuchi ressemble à un étudiant. Son visage sans ride ne reflète absolument pas ses cinquante-sept ans. Une étrangeté de plus à l’actif de ce cuisinier qui brise tous les codes liés à la gastronomie de haut vol, ne respectant que la qualité des ingrédients et ce qu’il considère comme l’art en perpétuelle évolution de son métier.

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Derrière son comptoir, Hissa prépare comme chaque soir une œuvre culinaire disposée sur son unique héritage familial, les grands plats de porcelaine légués par son grand-père où figurent depuis deux siècles des poissons bleus stylisés. Les fines lamelles de coquilles Saint Jacques crues perlées d’une goutte d’huile d’olive y côtoient les sashimi de dorade et de turbot, le yuzu à croquer avec sa peau « aux actifs rajeunissants » ou les sushis à l’avocat et purée de framboise. Un festin issu directement ce soir d’une interprétation de Mondrian mâtinée d’un paysage où l’on devine une cascade s’écoulant jusqu’à une rizière poissonneuse. « Un souvenir de mon enfance, quand j’habitais avec ma mère à Ogaya ». Avant de devenir un chef respecté, Hissa a suivi un parcours surprenant qui débute dans l’île de Shikoku, tout en haut du chemin gravissant la montagne jusqu’à la dernière bâtisse, une ferme coiffée de chaume où trimait seule sa mère. Le personnage clef dans la vocation de Hissa. Lire la suite

Koshino, mon amour de kimono

Où j’apprends l’histoire du kimono, redécouvre Galliano et tombe en pâmoison devant les tenues de Junko Koshino…  

Junko Koshino. Costume Kabuki

Junko Koshino. Costume Kabuki

L’exposition déclencheuse a lieu au Musée Guimet où se déroulent devant nous 4 siècles kimonesques. Côté historique,  ce qui m’éclate le plus sera hors thème, perdu dans une petite vitrine : une kanzashi, longue épingle à cheveu nippone du XVIIe siècle avec… mini-boussole intégrée ! Pour quoi faire ???? Lire la suite

L’or éthique des colombiennes

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Colombie, en hélicoptère au dessus des mines illégales, 40°. près de 100% d’humidité. Aucune route. Le seul moyen de prendre connaissance du terrain est l’hélico piloté par Beatriz. photo Laurence Picot.

Quand je suis partie en Colombie, dans la province d’Antiochia, là où se trouve le berceau des guerilleros Farcs, et le nouvel eldorado des paramilitaires qui surveillent les champs de coca. J’y ai découvert une mine d’or légale, tenue par des femmes, qui révolutionne par sa gestion « durable » la soi-disant obligation de polluer et tuer quand on extraie des métaux précieux  Lire la suite

Les femmes cachées de Pasteur

Je l’ai croisée pour la première fois dans la serre abandonnée de l’hôpital historique. Un chouilla tronquée puisque juste en buste, qui plus est recouverte en partie de plantes mortes. J’ai délicatement repoussé les feuilles de son visage de marbre pour en caresser les traits. Sur le piédestal verdi de mousse, son nom gravé, Madame Lebaudy. J’ai beau fouiller ma mémoire, rien n’affleure. Pourtant, un buste féminin, à l’Institut Pasteur, même oublié sous les feuillages, laisse présager un parcours scientifique hors normes. La chasse est ouverte. Elle va me donner du fil à retordre. A la clef, le trophée, son histoire exceptionnelle mêlant scandales financiers, excentriques de haut vol, recherche scientifique et premiers logements sociaux, valait bien de se creuser les méninges et fourrailler dans les archives de tous bords.

A l’Institut Pasteur, les bâtiments portent le nom de 18 chercheurs, aussi masculins que les rares statues. Même pour Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine tout de même pour avoir identifié le VIH avec le professeur Montagnier en 2008, il faut accéder au 2e étage d’un bâtiment pour voir son nom écrit au gros feutre par ses collègues sur une feuille de papier écorné. Quant à Marie Curie, qui pourtant vint y travailler quelques temps, rien de rien.  Pour notre Madame Lebaudy, unique statue de personnalité féminine… Direction les archives de l’Institut. J’y apprends peu de choses. Elle aurait financé la construction et la tenue de l’hôpital dès 1895, et durant 17 ans les cours donnés aux doctorants. Ce qui m’intrigue et relance la machine à enquête, c’est que madame Lebaudy l’a fait anonymement, son nom dévoilé après sa mort selon ses dernières volontés. Un peu bizarre, non ? serait-elle une mécène trop discrète, ou, théorie délicieusement complotiste, n’aurait-elle pas plutôt eu honte de son nom …. Lire la suite

Louise Bourgeois et moi

Rendez-vous à New York, dans sa maison de Chelsea. La grille sculptée, emblématique de son travail, défend une petite porte d’entrée qui s’entrouvre sur une caméraman.  Froide et muette, elle me suit avec son téléobjectif dans un couloir étouffant qui débouche sur l’antichambre.

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Des murs jaunis sont couverts de livres, un autre est masqué d’un énorme tableau de mémos, photos, lettres ou dessins. De grandes fenêtres à carreaux de verre poussiéreux ne laissent pénétrer qu’un filet de lumière. Au centre trônent un tabouret d’époque indéterminée et trois fauteuils déglingués, sur l’un desquels est posée une éditrice canadienne. Une journaliste mexicaine, une peintre américaine et un sculpteur basque viendront la rejoindre. Nous nous présentons en attendant d’être introduit à la star qui demeure mystérieusement cachée. La cerbère greffée de son troisième œil électronique me pointe du doigt. C’est mon tour. Lire la suite

Mini mondes animés

Je suis tombée sous le charme des mondes miniatures de Rafael Varona, dont je ne sais presque rien si ce n’est que cet artiste graphiste vit à Berlin. Mes favoris sont ceux qu’il appelle Impossible Bottles, où un univers incroyablement précis et surprenant se retrouve enfermé sous cloche. Il me ramène,  gamine, quand je retournais les boules à neige et que j’imaginais des mondes enchanteurs entre les flocons.  A la différence près que ces capsules là laissent à voir le monde souterrain, invisible, et souvent inquiétant, le monde de ce qui se cache derrière les apparences, la vraie vie en somme, comme dans nos rêves. Lire la suite

Un bagnard à l’Unesco

Non mais quelle histoire ! Celle de l’ancêtre de Jamie Larmour Reid, Australien, et l’un de mes premiers locataires Airbnb avec qui je n’ai jamais perdu contact (au début, quand ce n’était pas un ersatz d’hôtellerie, c’était vraiment bien Airbnb ). La famille de Jamie  ne devait pas être fière fière de son aÏeul bagnard en Tasmanie dans les années 1832. Quoi que, d’après les registres, il n’avait fait que voler un manteau pour s’y retrouver ( les choses n’ont pas tant changé que cela pour les voleurs de pain qui ont faim et de manteau qui ont froid).

 

Trêve de digression, notre William Gould,  puisque tel est son nom, est en plus porté sur la bouteille. On pourrait se demander comment un prisonnier se ruine régulièrement la tronche au gros rouge dans une prison réputée l’une des plus dures au début de ce 19e siècle…. Lire la suite

Eglise Trans…Lucide

Un mirage. Voilà l’effet que produit cette chapelle de village toute en strates de lumière et d’ombre. Ses concepteurs, les architectes Gijs et van Vaerenbergh, ont relevé un défi de taille: créer une apparition nimbée de mystère et pourtant bien réelle.

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Surtout, ce bâtiment transparent et vide, est un véritable hymne à la nature. Lire la suite

Antoine, Cléopâtre et Balenciaga

Il s’appelle Antoine. Il épousa sa muse Cléopâtre … Pas en Egypte, mais à Paris, en 1918. Car il s’agit bien du sculpteur Bourdelle dont je parle. Ses oeuvres monumentales me laissent toujours sans voix. Impressionnantes. Apaisantes. Elles interpellent, veillent et protègent dans l’ancien atelier de l’artiste, devenu un musée magnifique dont on découvre encore et encore des coins et des recoins oubliés. Lire la suite

Gâteaux mathématiques

L’Ukrainienne Dinara Kasko est « chef en pâtisseries architecturées ». Non contente de créer des desserts incroyables que l’on verrait plutôt sur les tables des restaurants étoilés, elle propose le secret au grand public. Le luxe réservé à l’élite, à présent accessible à tout le monde.  Comme on aime.

dinara Kasko

dinara Kasko. 81 parts individuelles

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Georg Jensen « Quelque chose de pourri au royaume du Danemarketing »

 

Alors que Baccarat vient de passer sous pavillon « fonds d’investissement » chinois, je replonge avec rage dans la même mésaventure danoise… En espérant malgré tout que le cristal français s’en sorte mieux que l’orfèvrerie scandinave…  Retour sur une drôle d’enquête.

Carafe Jensen 1958

Carafe en argent, 1952. Henning Koppel pour Georg Jensen

Il est rare qu’un journaliste ne contacte pas le service de presse d’une marque avant de se rendre dans ses ateliers. Sans aucune arrière pensée au départ, c’est pourtant ce que j’ai fait avec Georg Jensen, orfèvrerie historique Danoise. J’ai farfouillé sur le Net, pas trouvé d’attachée de presse en France, déniché quelques contacts au Danemark, envoyé des mails, et appelé tout bêtement les personnes qui m’ont répondu afin de prendre rendez vous. Deux interviews me sont octroyées, je n’y vois pas malice…Je me suis retrouvée à Copenhague au coeur d’une histoire de famille, de gros sous, de délocalisations discrètes, de fonds de pension et d’artisans en révolte.  La gabegie les amis !  Lire la suite

Le son du luxe

Existe-t-il un « son » du luxe  ? Ne croyez surtout pas que vous entendez la vérité, du moins celle que produit n’importe quelle matière. Aujourd’hui, vos oreilles sont aussi choyées que vos papilles en gastronomie. Au centre de recherche de BMW, une rencontre avec le docteur Gerhard Thoma éclaire nos lanternes . Ce génial professeur Nimbus est capable de contrôler, réguler, effacer, métamorphoser, construire le moindre son d’un véhicule. Les surprises viennent aussi de Paris, juste à côté de la fontaine Tinguely de Beaubourg,où se situe  le centre de recherche sonore de l’IRCAM. Voyage dans les paysages sonores, les sounds landscapes…

© Laurence Picot. Publié dans Le Monde

Son du luxe Le Monde

Son du luxe Le Monde

Son du luxe Le Monde

centre de recherche BMW. Son du luxe

Chanteurs mystère

Ils sont Canadiens, Suédois, Français, et leur truc, c’est de rester méconnaissables. Dans la lumière, mais costumés ! Le décalage est décapant. Led Zeppelin et les Transformers, Fantomas qui feel Love, et l’opéra en mix de Zorro et Drag Queen, datant de 1970. Lire la suite