Je déteste les coiffeurs

Je viens de lire un très joli billet de sophie ausilio, narrant son expérience délicieuse à chaque fois qu’elle se rend chez sa coiffeuse. Me suis prise à rêver… Parce que pour moi, une visite chez le coiffeur vire systématiquement au cauchemar. Va savoir pourquoi je n’arrive jamais, jamais, à communiquer ce dont j’aurais envie. Incompatibilité absolue avec quiconque tient séchoir et ciseaux.

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La dernière fois, j’étais pourtant claire. J’avais préparé, mûri mon argumentaire. Court (plus tu décris, moins tu as le résultat escompté). Imagé (histoire de transférer directement d’esprit à pouce index). Cinématographique (rien de mieux qu’une référence de star dans une boutique où les principales lectures sont Gala, Paris Match, Vogue et Point de vue). Je me lance. « Pas de besoin de magazines mademoiselle, je sais exactement: je voudrais la coupe de Marie Antoinette avant qu’elle ne fasse décapiter« . Elle reste bouche bée. Je me dis que là, je l’ai eu, il n’existe pas de star aussi fameuse que la malheureuse épouse de Louis XVI. Ha, ha, trop maline  !

Non, mais, vous, vous auriez compris de suite. Vous vous rappelez bien sûr les films des années 1975, en noir et blanc. Gamine, ca m’avait choquée. Autant que Jeanne d’arc. Mais bon, ma tentative de coupe à la Jeanne ayant été un fiasco total, je me suis dit que la  Marie Antoinette, ça allait parler à tout le monde, même à quelqu’une née après 1992. Dans ce film gravée dans ma mémoire, la reine, ses longs cheveux étalés en cascade sur ses épaules, vêtue d’une robe de bure blanche telle une madone très datée. Le bourreau entre dans sa cellule, et en quatre coups de ciseaux sauvages la métamorphose en égérie Martin Margiela. Elle était tellement plus belle les cheveux courts et en bataille ! C’était facile, non ?

De ciseaux, ma coiffeuse n’en a pas pris. Mon brief l’a inspirée côté bourreau. Pas eu le temps de dire ouf qu’au rasoir elle m’a tout coupé, vous savez quand ca fait mal aux  dents et aux cheveux avec la lame à rebrousse poil qui crisse comme une craie sur un tableau. En trois secondes, c’était déjà trop tard. Je n’ai plus regardé le miroir, calculant mentalement, au fur et à mesure que les plumeaux de cheveux tombaient au sol,  combien de mois il faudrait pour rattraper. C’est ça aussi mon trauma coiffeur, cette incapacité à dire stop.

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Je ne suis pas sortie coiffée. Ni décoiffée. Plus assez de cheveux pour ça. Plutôt rasotée. L’allure d’un oiseau déplumé. Vingt ans de plus, et la déprime à fleur de poils. Une furieuse envie de monter à l’échafaud direct. La coiffeuse me dit dans un sourire appelant le pourboire « ca vous va super bien ». Je la hais.

Depuis je suis terrée chez moi, à attendre que ca repousse en avalant des gélules de kératine par poignées. Et vas-y que je tartine mon presque crâne  de purée d’avocat à l’huile d’olive, de crème fraiche au miel, de toutes les recettes cosmétiques dénichées sur Internet qui pourrait sonner gourmand, capiteux. Deux bols à chaque fois. Un  pour la peluche qui me fait office de cheveux,  un pour manger. En plus, je vais prendre des kilos. OK, dans mon souci de synthèse absolue, j’avais oublié de parler à la coiffeuse de la partie Margiela.

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